Acheter son logement ou maison en viager ?
Une solution qui tente à la fois des seniors et des acquéreurs. Une expérience pas toujours bien perçue qui peut avoir aussi ses revers.
Dans les années 80, Ghislaine a fait l’expérience du viager. «À l’époque nous étions jeunes, explique-t-elle et cherchions à nous loger. Le hasard nous a mis sur une bonne affaire : une très belle bâtisse entourée d’un parc de 5 000 m2 pour 50 000 €, proche de la ville. Le propriétaire, un veuf de 84 ans, avait mis son bien en viager à condition de vivre avec nous». Au début, le couple considère l’octogénaire un peu comme leur grand-père. Mais très vite les choses dégénèrent, «il était capricieux, méchant. Il a divisé notre famille». Une expérience douloureuse pour ce couple. «Quand on a des petits moyens, le viager est tentant. Mais il faut bien réfléchir avant et privilégier le viager sans occupant ou viager libre. Chacun chez soi».
À Toulouse, l’étude Lodel est spécialisée dans le viager sur l’ensemble de l’Hexagone. «Toulouse reste un petit marché avec le centre-ville et Lardenne, précise le responsable. À l’inverse de la Côte d’Azur et de la région parisienne». Pourquoi ? «Toulouse est une ville jeune et n’a donc pas les mêmes besoins. Ceci dit, il y a quand même 41 annonces de ventes en viager sur Toulouse et sa région». En 2018, le viager reste donc un investissement immobilier attractif. Idéal pour des seniors modestes, sans héritier. Et des acquéreurs avec de bons revenus, désireux de préparer leur retraite en réalisant un investissement dans des lieux où l’immobilier sera dopé. En espérant bien sûr payer le moins longtemps possible. Des viagers qui, malgré l’aspect morbide décrit par certains, se passent souvent bien. A l’exemple d’Eliane, 83 ans, qui, sans retraite, a mis son deux-pièces à Nice en viager sur les conseils de son notaire. Elle est même devenue amie avec les acquéreurs, un couple de sexagénaires, «chacun est chez soi et tout se passe bien. En me permettant un revenu complémentaire, le viager m’a sauvé la vie».
Les mauvais plans du viager
On se souvient tous du film de Pierre Tchernia, le Viager sorti en 1972 avec un trio de choc. Pour aider son frère (ClaudeBrasseur) à faire une bonne affaire, le médecin Léon Galipeau (Michel Galabru) lui conseille d’acheter en viager une maison à Saint-Tropez appartenant à Louis Martinet (Michel Serrault), l’un de ses patients, persuadé que celui-ci va mourir très vite. C’était sans compter sur la persévérance à vivre de ce dernier. Un film pied de nez sur une méthode d’achat considérée par certains comme un pari sur la mort.
Autre fait divers sur le viager : dans les années 90, Maitre Affray, notaire à Arles, achète une maison à l’une de ses clientes, Jeanne Calment, alors âgée de 90 ans. Il ne se doutait pas que celle-ci allait devenir la doyenne de l’humanité. Décédée en 1997, à l’âge de 122 ans, Jeanne Calment a survécu à ce pauvre notaire, décédé quelques années avant elle. Là aussi, une bien mauvaise affaire de viager.